On détruit des pans d'immeubles entiers, 
on évide des pièces qui ont abrité des vies.

Au bord des rues, 
des corps se dressent à la verticale, 
résistent, existent au regard des passants.

Le long d'un trottoir, 
sur la peau rugueuse du bitume, 
de l'eau s'écoule. 

Elle glisse, 
fragile et légère, 
emprunte des chemins chaotiques, 
contourne crevasses et obstacles, 
entraîne dans sa course les détritus d'hier.

On lave la veille à grandes eaux, 
un nouveau jour commence et efface la nuit. 

On glisse sur la courbe d'un pied,
hissé sur un talon aiguille. 

Le vent agite les branches d'un arbre.
Furies!

Une masse mécanique désarticulée 
s'éteint dans un dernier soubresaut.
La terre est retournée.
Béance.

Les murs écorchés d'une pièce abandonnée.
Des voix d'hommes émergent dans une langue étrangère.
Quelque part, on martèle, on casse, on arrache.

Dehors, 
une chaise vide. 
Au sol, une trace de pisse.

On murmure. 

Une porte d'immeuble se referme 
sur deux corps enfoncés dans l'obscurité.